En réagissant au commentaire de Thom, j'ai eu envie de pousser plus loin l'idée qu'il m'inspirait et que je mâchouille dans ma cervelle depuis longtemps. Voici donc :
Les pouvoirs publics consultent beaucoup. Nos élus locaux ne cessent de commander des études à des cabinets d'études pour mieux comprendre leurs territoires, les relations qui les lient et les séparents, mieux comprendre les flux que façonnent nos usages et leurs constantes évolutions. Si elles ne sont pas redondantes (mais comment nous pouvons-nous le savoir ?), elles peuvent souvent s'avérer utiles.
Mais les résultats de ces études, pourtant payés avec des deniers publics, avec nos impôts... eux, ne sont pas publics. Nos élus gardent par devers eux l'information qu'ils batissent ? Or, nous les payons avec notre argent ces études ! Elles nous concernent à plus d'un titre, car elles lisent nos pratiques, nos usages... Elles permettent à ceux qui y ont accès, bien souvent, de mieux comprendre le territoire, de mieux l'analyser, de mieux le lire. Etudes sur l'implantation des entreprises, sur l'implantation du commerce, sur les flux qui parcourent le territoire... Qu'importe le sujet. Ces études devraient être accessibles pleinement et librement. Elles devraient être disponibles en ligne, sur le site de leur mandataire, afin que tout un chacun puisse y accéder, que l'information qu'elles renferment ne puisse jamais être discrétionnaire. Les données publiques doivent être publiques !
Partant du constat que les données publiques sont encore loin d’être des biens communs mis à la disposition des citoyens, Michel Briand a initié la création d’un groupe de travail, au sein d’Intercoop, l’interconnexion de réseaux coopératifs, avec un espace de travail dédié pour réfléchir et faire avancer la question de l’ouverture des données publiques, afin qu’elles soient plus facilement accessibles et réutilisables par tous.
"Au moment où les usages des outils du web 2.0, blogs, wikis, fils RSS, réseaux sociaux interpellent les acteurs du web public sur leurs pratiques, peut-être pouvons-nous enclencher une dynamique d’ouverture des biens publics en biens communs sachant qu’il devra emprunter ce temps long nécessaire au changement culturel des personnes et des structures.
Ouvrir la diffusion et la possibilité de réutiliser les données et les biens publics informationnels est un changement de culture dans une société française cloisonnée et frileuse face au débat public et marquée par le fonctionnement hiérarchique.
Comme pour le logiciel libre, ce sont surtout les réseaux d’acteurs locaux, les associations, les personnes qui s’impliquent dans des développements ou la diffusion des outils, la pression des usagers qui font évoluer les pratiques.
N’est-il pas possible de développer aujourd’hui un mouvement analogue pour l’extension des biens publics mis en commun ?
- en menant des actions d’information : parce que beaucoup de personnes ne savent pas que des contrats ouverts permettent, selon le choix effectué, de conserver la forme du texte publié ou de le modifier, d’autoriser ou non un usage commercial ;
- en interpelant les collectivités et les services de missions publiques sur le statut des données qu’ils publient ;
- en favorisant la diffusion des bonnes pratiques, en mettant en valeur les avantages apportés par les mises en biens communs ; par une compréhension des freins et facteurs facilitant cet élargissement par les acteurs des services publics ;
- en rédigeant un appel manifeste porté par des associations et personnes ;
- en menant des actions de sensibilisation auprès des associations de professionnels, d’élus pour qu’ils ouvrent le débat à de nouveaux acteurs et favorisent la diffusion des réflexions autour de cette problématique ;
- en alimentant la réflexion sur cette question des données ouvertes à l’instar des “Principes pour des données publiques ouvertes” rédigés par quelques acteurs des biens communs états-uniens."
Voilà un élément de transparence simple à mettre en place localement, puisqu'il consiste, a minima à publier quelques .pdf sur un site et à ajouter un logo aux documents publiés. En tout cas, ce pourrait être là l'occasion d'une transparence sur laquelle on voudrait mieux entendre les candidats affirmer leurs valeurs, afin qu'il n'y ait plus plusieurs types d'informations publiques comme c'est le cas actuellement : celles pour ceux qui sont bien renseignés et l'information pour les autres.
Rendre accessible les données publiques n'a pas que des inconvénients, au contraire, comme le souligne encore Michel Briand :
"La société a beaucoup à gagner à mettre en biens communs des données publiques, qu'elles soient d'intérêt général (comme les recensements, les données cartographiques et les études thématiques) ou plus locales sur le vivre ensemble et la connaissance partagée d'un territoire.
si les données de l'IGN étaient réutilisables on n'aurait pas la contrainte de se tourner vers les "google map" ; donner à voir les études commanditées favorise le débat public et est un facteur de démocratie ; en permettant la réutilisation de ces études, on ne favorise plus le financement de simples couper-coller mais la création de réelles valeurs ajoutées par les consultants. donner à voir les réponses apportées à une enquête, un questionnaire augmente la qualité des déclarations soumises à un regard critique public ; rendre accessible un projet d'école, de centre social favorise les synergies locales entre acteurs du quartier ; publier les projets soutenus par une collectivité rend visible les « bonnes » pratiques et en favorise le partage d’expérience ; permettre la réutilisation des photos et documents d'archive ouvre de multiples créations dans l'éducation, la mise en valeur des territoires ;..."
Données publiques
Sur la question du principe : les études commandées par les élus sont effectivement payées sur des deniers publics c'est à dire si l'on regarde la structuration budgétaire provenant pour 50% par les citoyens et pour 50% par des dotations de l'état (DGF, DSU...) provenant de l'impôt des citoyens et des entreprises. Pour autant, l'impôt n'est pas une redevance qui permet d'obtenir des services à due concurrence de ce que chacun paie !
Sur le fonds, les études (pas si nombreuses que celà pour autant) sont effectivement utiles pour les élus parce qu'elles permettent quelquefois "d'enterrer" des options ou en lever d'autres mais sauf à discuter de tout tout le temps avec tout le monde (où est la démocratie représentative ?), toutes les études ne méritent pas d'être affichées. De plus, je n'ai pas spontanément à l'esprit d'études (urbaines ,économiques, touristiques...) qui auraient été "cachées" très volontairement.
Je suis cependant bien d'accord pour dire qu'il faut quand même plus d'informations aux citoyens et susciter plus de débats. C'est l'objectif des restitutions faîtes vers nos concitoyens : je rappelle pour mémoire le rendu jeudi 7 février par RBE de l'étude menée sur le commerce à Romans (tous les commerçants de l'agglo étaient invités par carton et 70 présents). Il faudra incontestablement aller plus loin.
C'est dans cette logique d'information, de débat et d'initative citoyenne que notre liste "Toutes nos forces pour Romans" propose la création d'un Comité Economique et Social qui serait composé de forces citoyennes afin de réflechir et penser en partenariat avec(/en opposition/en alternative suivant les sujets ) avec la Municipalité les grandes options de Romans demain. Ceci viendra compléter le dispositif participatif des maisons de Quartier qui permettent une prise en compte réelle des questions d'un quartier et de ses habitants.
Enfin, la proposition de mise en ligne d'un fonds documentaire mérite d'être approfondie : information hierarchisée ? commentée ? brute ? quel historique ?
Au plaisir de l'évoquer avec toi...